Episode 5: Unspoken

Résumé de l'épisode précédent: Josèphe a fait part de sa grossesse à son mari Frank. Hortense a été surprise par Luce Fragonard en train de fouiller l'appartement de cette dernière. Et Marta a été retrouvée ensanglantée dans sa loge.

Frank, assis à l'arrière d'un taxi londonien, semblait regarder le paysage défiler. Devant ses yeux filaient les maisons de toutes les couleurs si typiques de South Kesington, les parcs verdoyants, puis la tamise qui longeait la route. Cependant, il ne voyait pas ces éléments qui donnaient à Londres tout son charme. Perdu dans ses pensées, les évènements des derniers jours semblaient lui échapper. Il contrôlait à l'ordinaire tout: de son entreprise à sa vie sentimentale en passant par son emploi du temps et ses loisirs. Son travail était sa motivation, sa fierté. Josèphe, elle, était sa muse. Sa joie de vivre, sa créativité, sa culture lui donnaient la force d'innover. Tous les deux étaient épanouies dans cette vie de londoniens mondains. Pourtant, il y avait Marta. Il ne savait pas l'expliquer. Tout était arrivé un jour de solitude, Josèphe partie depuis des semaines photographier la vie new-yorkaise, le manque affectif et cette bouffée de désir lorsque Marta avait sonné. Il n'avait pas remarqué le panier de linge propre qu'elle lui tendait, seulement son décolleté. Il ne savait pas dire s'il avait été manipulé, si Marta avait recherché cet émoi . Il était seulement certain qu'il ne pouvait plus s'en passer. C'était son rail de coke à lui, son premier « lâché prise ». Mais lorsque Josèphe lui avait appris sa grossesse, il s'était dit qu'il ne pouvait plus continuer comme cela. Qu'il fallait qu'il commence sa cure intérieure de désintoxication. Cependant, il n'avait pas prévu la réaction de Marta... Le chauffeur frappa à la fenêtre de l'habitacle.

  • Monsieur, nous sommes arrivés.


Le St Mary's hospital ressemblait, avec ses briques rouges, à un pénitencier. Frank paya le chauffeur et se rendit à la réception. Une standardiste lui indiqua le numéro de la chambre. Après avoir monté deux étages et arpenté un long couloir, il trouva la porte indiquée. Il pénétra dans la pièce. Marta allongée regardait la télévision.

  • Bonjour Marta.

  • Frank! Je me demandais si tu viendrais me voir. Je suis si contente que tu sois là.

  • Pourtant ce n'est pas par gaité de cœur, les hôpitaux m'insupportent. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, pourquoi as tu fait ça?

  • Ces petites écorchures aux bras? C'est un accident. Mais le principal est que tu sois là maintenant.

  • Ne me mens pas. Je sais très bien que c'était volontaire.

  • Tu voulais me quitter.

  • Et alors?

  • Et bien hier soir quand tu m'as appelé pour me dire que ta femme était enceinte et que tu voulais tout arrêter, je me suis sentie désespérée. Il fallait que je trouve un moyen d'attirer ton attention, que tu vois que j'ai besoin de toi.

  • Mais tu aurais pu te tuer. C'est grotesque.

  • Mais je t'aime Frank et la vie sans toi ne vaut pas la peine d'être vécue.

  • Tu dis n'importe quoi.

  • Frank dis moi que tout n'est pas fini? Je t'en prie.

  • Évidemment, je ne peux pas te laisser dans cet état. Mais ne refait jamais ça.

  • Oh je suis si heureuse. Viens m'embrasser.

Frank qui ne put résister, décida de remettre sa cure à plus tard. Après tout, il avait neuf mois devant lui. Toc toc. Frank se redressa. Quelqu'un venait de frapper à la porte. Josèphe, un bouquet de fleur à la main, apparut alors.

  • Bonjour Marta. Frank, tu es là! Je ne savais pas. Tu es venu aux nouvelles?

Le regard de Frank passa de Marta à Josèphe. Il se demanda si c'était le moment de tout avouer, de se repentir. Cependant, il préféra retourner la question.

  • Et toi?

  • J'apporte des fleurs à Marta. La pauvre, je ne pouvais pas la laisser seule après l'avoir trouvée dans ce sale état. D'ailleurs, comment allez vous Marta?

Marta qui n'avait pas l'habitude d'être dans la même pièce que son amant et que la femme de celui-ci, était quelque peu embarrassée. Cependant, un sentiment de joie l'envahissait. Elle en était maintenant sûr, Frank allait lui revenir. De plus une fois le bébé né, il courrait aussi souvent que possible la rejoindre pour éviter les pleurs et les corvées ingrates.

  • Je me sens mieux. Après une telle bêtise, cela doit être normal de se sentir un peu déboussolée. Mais, les bonnes nouvelles que j'aie reçues me remontent le moral.

Josèphe sembla ressentir un grand soulagement.

  • C'est parfait. Tu m'as fait si peur. C'est peut-être indiscret de ma part de te demander ça, mais qu'est ce qui t'a amené à faire une chose pareille?

  • J'ai quelques problèmes... financiers en ce moment.

  • Oh et bien nous pouvons t'aider je suppose. N'est ce pas Frank?

  • Oui...bien sûr.

  • On réglera ce que tu dois. Tu fais tellement pour nous. D'ailleurs pour le repassage et le ménage, tu peux prendre un peu de congé le temps de te reposer. Cho en fera plus.

  • Vous êtes trop aimable.

  • Ce n'est rien. Je me sauve. Je ne faisais que passer. J'ai un rendez-vous qui m'attend. Frank, je te ramène?

  • Je venais juste m'assurer que Marta se rétablissait. Ce qui semble être le cas?

  • Oui oui, je vais bien. Je ne voudrais pas vous retenir plus. C'est déjà gentil d'être passés.

  • Et bien vivement que tu reviennes au Voltaire! conclue Josèphe un grand sourire aux lèvres.


La portière claqua et le moteur vrombit. A l'intérieur de la berline, le sourire radieux de Josèphe avait disparu. Après de longues minutes de silence, Josèphe se décida à parler.

  • Frank, je suis désolée pour hier soir.

Ce dernier qui s'attendait à un orage de questions sur sa présence dans la chambre de Marta fut quelque peu surpris.

  • Comment ça?

  • Je n'ai pas été correcte dans la façon dont je t'ai appris ma grossesse. De plus, je n'aurais pas dû mettre le bébé en danger en buvant de l'alcool.

  • Pourquoi as tu fait ça alors?

  • Je me suis retrouvée dépassée. Je ne suis même pas sûr de vouloir cet enfant. Un enfant remettrait tout en question: notre carrière, notre liberté...

  • Tu es une incroyable photographe et je suis persuadé que tu seras aussi une incroyable mère.

  • Tu crois?

  • J'en suis certain. Je pense qu'une petite soirée de repos te ferait du bien, annule ton rendez vous et rentrons à l'appartement.

  • En tout cas, j'espère que tu joueras ton rôle de père de façon aussi exemplaire que celui de mari.

Frank se demanda s'il devait acquiescer.


Arrivé au Voltaire, le couple croisa Luce Fragonnard.

  • Salut Luce. En forme après la soirée d'hier soir?

  • Un peu mal au crane mais comme à chaque bonne soirée. Désolé je n'ai pas le temps de vous remercier plus, j'ai une petite affaire à régler avec Hortense.

  • OK. Bon courage alors.


Luce après avoir quitté le couple se rendit chez la doyenne de l'immeuble. Cette dernière ouvrit rapidement sa porte.

  • Bonjour Hortense, je passe juste te dire que la police va débarquer chez toi d'une minute à l'autre. Je viens de les appeler. Je te préviens maintenant comme ça tu auras le temps de t'y préparer. Voilà. Au revoir...ou pas.

Luce remarqua que Hortense ne semblait pas réagir. Elle se demanda si c'était son chignon si tiré qui rendait son visage inexpressif. Cette dernière s'approcha de Luce et murmura.

  • Je sais tout. J'ai découvert ton petit secret hier soir. Alors tu ferais mieux de rappeler la police. Je te préviens maintenant comme ça tu auras le temps.

Hortense referma sa porte. Luce blême n'eut pour seule réaction que de prendre son cellulaire et d'appuyer sur la touche bis.

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